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mardi 1 mars 2016

1766 François Hissette devient "Français"


1766 ... le Duché de Lorraine est rattaché
au Royaume de France
Il y a 250 ans, François Hissette devient français...
 

Illustration 1 : in Description de la Lorraine et du Barrois T1- Chez Vve Leclerc -Imprimerie de l'Intendance - Nancy - 1779
Le 23 février 1766, à Lunéville, Stanislas Lesczynki, ancien roi de Pologne et dernier duc de Lorraine et de Bar, décède, après s'être grièvement brûlé devant sa cheminée.

En vertu d'un accord conclu entre Louis XV et l'empereur Charles VI en 1737, les duchés de Lorraine et de Bar sont définitivement intégrés à la France.
 
Pour voir la suite de l'article, retrouver notre aïeul Hissette François, ouvrir les pages suivantes :
avec un clic sur "Plus d'infos » " ci dessous à gauche... Bonne lecture
Le 23 février 1766, à Lunéville, Stanislas Lesczynki, ancien roi de Pologne et dernier duc de Lorraine et de Bar, décède, après s'être grièvement brûlé devant sa cheminée.
En vertu d'un accord conclu entre Louis XV et l'empereur Charles VI en 1737, les duchés de Lorraine et de Bar sont définitivement intégrés à la France.

Ainsi, il est mis fin au Duché de Lorraine, fondé en 959 lors du partage de la Lotharingie. Durant près de 580 années, le Duché de Lorraine sera un des états du Saint Empire Romain Germanique.
Il sera détaché progressivement de cette alliance à partir de son occupation par le Louis XIII en 1632, les villes de Verdun et de Metz étant françaises depuis 1552. La guerre de 30 ans et l'activisme de Louis XIV et Louis XV vont accélérer la désagrégation du duché de Lorraine.
 
Les années 1740... années de transition
Stanislas Lesczynski sera porté à la tête du duché au terme d'une partie de « monopoly » géopolitique formalisée par les traités de Vienne, ébauchés en 1734 et signés en 1738 « où comme du bétail, nous fûmes vendus à la France sous le couvert d'un roi de Pologne, chassé de son pays »

C'est dans ces termes que Nicolas Brosset « bourgeois de Nancy » plante le décor au début de son « Journal pour les années 1743 – 1745 avec son séjour à Metz pendant la maladie de Louis XV »
A la lecture de la centaine de pages de cet opuscule1, réédité en 19552, on peut s'imprégner de l'état d'esprit de la population. Encore faut il sans doute nuancer le propos de l'auteur « clerc de basoche 1», appartenant à une classe sociale qui a su tirer partie de l'existence d'un duché reposant sur une cour très présente dans la région nancéienne avec ses honneurs et des sujets pouvant disposer
de  privilèges .. et entr'autres de commensalités 2» .
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1 Texte sauvé en partie de l'incendie de la bibliothèque de l'ancienne Universite de Pont à Mousson en août 1945 par l'armée allemande en fuite

2Pierre Loevenbruck - Journal de Nicolas Brisset Bourgeois de Nancy - Ed M. Mutelet - 1955
3-les gens de justice furent désignés sous le nom de clercs de la basoche ou basochiens (c’est-à-dire « clercs du Palais », puisque le terme de « basoche » - vient du mot latin basilica, palais royal -.
 4  « commensaux » de la Cour ; personnes qui avaient charge « de commensaux » répartis en trois classes : grands officier , gentilshommes servants , bas officiers. Dans le cas de Nicolas Brisset , il bénéficie de l'exemption d'impôts et de charges, et de préséances dans les cérémonies.
 
----------------------------------------------page 2---------------------------------------------------


Lui- même a réussi à intégrer la Milice à cheval de Lorraine de Nancy en tant que timbalier afin d' échapper au recrutement des armées du roi de France ; […]  dès les funestes traités susnommés un certain nombre de jeunes gens du Duché, fortement sollicités par l'odieux La Galaizière, représentant en Lorraine du Roi de France (j'espère qu'il ne lira jamais ces lignes) ont accepté , ce qui ne s'était jamais vu , de s'engager […] Pour ma part, pour rien au monde, je n'aurais voulu les imiter […]

Dans la première moitié de son récit, il y a plus que de la nostalgie pour l'ancien régime ducal … « Le 4 février (1743) on a rassemblé en grand secret les ossements des anciens ducs de Lorraine enterrés sous cette vénérable église (collégiale du Duc Raoul qui sera détruite) … et au milieu de la nuit on les a transférés à la Chapelle Ronde. Cela s'est passé dans le mystère, tellement on redoutait les manifestations de sympathie du peuple pour ces vénérables reliques. »
 
Et de conclure dans un registre dramatique «  C'est la vieille Lorraine, celle de nos ancêtres, celle pour qui tant d'entre nous ont combattu et sont tombés, qui à son tour s'effrite morceau par morceau ».

Stanislas Lecynski
 
 
Dans le nouvel affrontement qui se prépare entre les « Autrichiens », les princes bavarois, le royaume de France, Nicolas Brisset évoque « l'irritation des Lorrains, surtout ceux qui devaient partir , car indiscutablement , toute notre affection allait à notre ancienne dynastie... et notre attachement à l'Impérarice Marie Thérèse d'Autriche, épouse de notre dernier Duc, François 3».
Plus loin : « Les lorrains .. ne prirent même plus la peine de cacher leur douleur et manifestèrent publiquement leur sympathie pour Marie Thérèse. » (les armées du roi de France s'étaient emparées de Linz, et pénétraient en Bohême et dans Prague).
Et puis, à la suite de plusieurs revers, Nicolas s'émeut des menaces sur la « frontière » Et voila que le bruit courut à Nancy, que les Croates et des Pandours s'étaient montrés à Sarreguemines d'où toute la population avait fui se rejetant sur Metz et sur Saverne. C'est que l'on se souvient encore dans nos campagnes lorraines de ces terribles Croates , les « Cravates » comme disaient les paysans, de la guerre de trente ans. [...]Dès ma plus tendre enfance, j'avais entendu parler des exploits de ces bandits ».

Page de garde du Journal de Nicolas Brisset
 
Devant la menace qui se précise, dans l'étude où il est clerc à Nancy, on ira enterrer l'argenterie et les papiers précieux de nuit....Le général allemand Mentzel à la tête de mercenaires promet en effet de pendre les lorrains après les avoir forcés à se couper réciproquement le nez et les oreilles s'ils ne reconnaissent pas leur maître légitime . Et notre lorrain de constater que « si ce brutal allemand voulait nous rejeter définitivement du coté de la France, il n'agirait pas autrement, car les français sont peut être des amuseurs, des gens légers et frivoles, mais ce ne sont pas des assassins […].

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3François 1er, Empereur d'Autriche et dernier duc héréditaire de Lorraine, dcd à Insbruch en 1765
----------------------------------------------page 3---------------------------------------------------
Et après cette alerte, le ton change en cette fin d'année 1743; « De plus en plus, et malgré l'attitude des Français vis à vis des Lorrains (l'auteur fait état de brimades) l'opinion publique très réservée au début se tournait vers la France dans sa grande masse ».
Avant d'arrêter son journal pour l'année 1743 il fait le constat suivant ;« Le fait le plus important que je puisse retenir, au point de vue général , c'est quelle marque une évolution très nette de l'esprit de mes concitoyens, qui avaient été Lorrains avant tout et qui, en présence de la tournure des événements [...], se sentaient maintenant à la fois Lorrains et Français ».
L'hostilité à l'égard de la pression française était manifeste en Lorraine germanophone. En 1740, près de 2000 personnes avaient vendu leurs biens et avaient désertées pour s'établir à l'étranger dans le baillage d'Allemagne. Le problème de la langue confortait cette attitude. Des personnes bilingues avaient été placées dans les « offices » chargées de l'administration générale du Duché et dans les études notariales.
Mais dans la réalité, c'est l'usage de l'idiome allemand qui était prédominant. En 1748 il avait été constaté que les « sujets de cette contrée » avaient abandonné l'usage de la langue française que des dispositions prises auparavant lors de l'occupation française en 1670 et lors du règne du Duc Léopold 1er (1697 – 1729) avaient pourtant encouragé sinon imposé.
Un édit du 27 septembre 1748 fut pris pour interdire de passer des actes en langue germanique.1
Les deux lorraines
L'absorption du duché de Lorraine ne se traduisit pas par la disparition du Parlement de Nancy (ou son intégration avec celui de Metz). Dans l'organisation administrative et judiciaire du royaume on conservera donc cette dualité pour la Lorraine.
Cette originalité sera conservée jusqu à la Révolution date à laquelle on mettra en place les départements.


Et la famille Hissette dans tout cela ?
 
François Hissette s'est établi dans le village d'Anzeling avec son épouse Anne Sabé – la date de mariage reste inconnue et elle se situe dans les années 1710- 1714 2 -. Dans une autre publication, nous reviendrons sur la vie de François Hissette. Pour mémoire, nous rappellerons que sa première épouse Anne Sabé est décédée au début de l'année 1749.
Carte Cassini du XVIII è siècle - détail  Anzeling, Hestroff &Edling
A la suite de ce décès, un inventaire sera réalisé. Il est précédé d'un conseil de famille, le 1er mai 1749 qui va désigner un tuteur pour les enfants.

C'est une procédure d'ordre général dont l'objet est de préserver les « droits » des enfants à la suite du décès d'un des parents le re mariage en cas de veuvage étant très courant.
-------------------------------------- notes de bas de page  3 ------------------------------------------
 1Gabourdin G. Histoire de la Lorraine - Les Temps Modernes T2 – Ed. Serpenoise – septembre 1991 - p173
2  Acte notarié du 21 avril 1714 (prêt d'argent) «  ….des nommés F. rançois Hisette maître cordonnier demeurant à Anzelling, et Anne Sabé safemme....... ».

---------------------------------------------page 4---------------------------------------------------
L'acte dressé pour désigner le curateur mentionne les avis et  prises de position des parties présentent - une sorte de conseil de famille - 1, recueillies « séparément ». Ainsi, François Hissette souhaite que Pierre Depenveiller, son cousin, soit désigné curateur. Dans ses réquisitions, le juge tutélaire nomme le curateur Pierre Depenveiller qui « accepte laditte charge et promés de bien... et fidèlement faire son devoyr … » et pour terminer ce dernier prête serment.



Tabellion, greffier et déclarants lors de la rédaction d'un acte
 
Dès le lendemain, l2 mai 1749, il est procédé à l'inventaire2 des biens du couple.
« Aujourd'hui... nous juge tutélaire en la prévôté de Bouzonville, étant au village d'Anzeling, en la maison de François Isette , nous avons procédé en présence de Pierre Depenveiller, curateur des mineurs à l'inventaire … et estimation des meubles et effets qui hy sont trouvés ».
Le juge est accompagné de Jean P.... et Michel Gabin (?) « pour experts » afin d'établir la valeur des biens « en leur honneur et conscience ».
L'inventaire est très précis et son corpus représente huit feuillets d'une écriture assez dense.
Il est effectué pièces par pièces et on en retiendra ici quelques éléments. Chaque élément et pièce du mobilier, animaux sera valorisé.

 



Jean Morette - Une maison lorraine
L inventaire nous donne en premier lieu une indication sur l'habitat de François qui est une maison de village lorrain traditionnelle et qui sont précédée d'un usoir. Les maisons s'alignent le long d'une rue souvent unique, quelques écarts ou diverticules
A cette époque, la maison lorraine est étroite , perpendiculaire à la rue. « c'est une maison bloc qui abrite sous un même toit à deux pans, bêtes, habitants et récoltes »1
L'inventaire fait état de 3 pièces d'habitation au rez de chaussé, le « poil » ou poêle , la cuisine et  une «  chambre à coté de la cuisine »,, « des chambres hautes », « le grenier », « la grange » et l'écurie....
Selon le schéma traditionnel, l'organisation spatiale repose sans doute sur deux travées, peut être séparées par un couloir sinon l'entrée se fait par la grange. Dans la première travée, on retrouve dans la pièce du devant, le « poêle 1» la plus confortable donnant sur la rue. Les outils de cordonnier seront recensés dans cette pièce et notre ancêtre devait exercer son activité  dans cette partie de la maison, éclairée et chauffée.
 

Une cuisine au XVIII ème siècle
Ensuite, en enfilade nous retrouvons la cuisine et la chambre du fond. L'inventaire se poursuit ensuite aux « chambres hautes » et au « grenier » et se termine sur l'état des dettes et créances.
Comme beaucoup de personne du "petit peuple" dans cette période difficile, François semble très endetté. Cest ainsi qu'il doit " au curé et maître d'école de Freistroff pour frais funéraires de la défunte dix huit livres dix sols.."
-------------------------------------- notes de bas de page 4 ------------------------------------------
 1Dénommée « le poil » dans l'inventaire
1Les Villages Lorrains - Claude Gérard et Jean Peltre Universite Nancy II – avril 1979 pages 43 à 54
1Source Archives Départementales de la Moselle (A.D.M.) B6734
2Archives Départementales de la Moselle – ADM - 3E 1859/1856
---------------------------------------------page 5---------------------------------------------------
 
Le remariage de François Hissette
Le 16 septembre 1749, François Hissette, âgé de 66 ans va prendre pour épouse, en seconde noce Anne Marie Barbe née le 26 Août 1708 (elle a 41 ans).
 A cette époque, le remariage était assez courant après un veuvage en raison des difficultés de la vie de quotidienne sans parler des problèmes de subsistance qui pouvaient se poser aux veuves. D'ailleurs Anne Marie Barbe avait été mariée précédemment à Jean Granvaux, décédé.
Ils auront deux enfants Jacques et Charles nés respectivement 1751 et en 1753. Jacques est à l'origine de la branche de notre famille.
En 1751,  Julianne, fille du précédent couple, âgée de 22 ans sans doute prévenue des intentions de son père de vendre la maison familiale va demander son émancipation afin de pouvoir l'acquérir (la majorité est acquise à 25 ans)
Signatures au bas de l'acte d'emancipation - on remarquera la marque de François , une marguerite
Avec l'aide se son tuteur, Pierre Depenveiller, elle va s'adresser par lettre au substitut de la prévôté de Bouzonville, lequel prendra le 29 juin 1751, la décision d'émancipation permettant à Julianne de vendre des terres de « preys et jardins » lui revenant « et dont elle ne peut faire » afin d'acquérir la « maison et ses dépendances » que son père à l'intention de vendre.
Rappelons que François Hissette et son épouse Anne Sabé avaient reçu lors des opérations de remembrement1 initiées en 1728 et finalisées en 1736 au terme d'une longue procédure des terres en héritage de Simon Blimer, un cousin germain, Estienne Louden et Elisabeth Bretnacher, proches de Anne Sabé.
Les réquisitions précisent… que « laditte Julianne Hisette à faire l'acquisition dont il s'agit à charge que cet acquisition soi faitte à la participation de son curateur a nous autorisé […] de vendre les terres, preys et jardins jusqu'à la concurance du prix de ladite acquisition…. Cette vente se fera à la participation de François Hissette… et en outre d'en rendre compte ».
Julianne épousera Georges Louis Hollender de Freistroff le 30 janvier 1753, à l'âge de 25ans et comme dans certaines histoires, elle aura une nombreuse descendance.
 


in Description de la Lorraine et du Barrois T1- Chez Vve Leclerc -Imprimerie de l'Intendance - Nancy - 1779
-------------------------------------- notes de bas de page 5  ------------------------------------------
1Des opérations de remembrement avaient été rendu nécessaire à la suite de la guerre de trente ans en raison de la déshérence des terres abandonnées.. C'est Léopold 1er qui a initié ces remembrements au début du XVIII ème siècle et après son installation comme Duc de Lorraine.
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François Hissette décédera le 15 octobre 1773 à Freistroff, quelques mois après son épouse.
Entre temps le Duché de Lorraine avait été rattaché au royaume de France….

 in Description de la Lorraine et du Barrois T1- Chez Vve Leclerc -Imprimerie de l'Intendance - Nancy - 1779

 
Le 5 mars 1766 le chancelier de la Gazelière, homme lige du roi de France, installé auprès de Stanislas , que Nicolas Brisset qualifiait d' « odieux », remettait « à son roi » les sceaux des deux duchés (Lorraine et de Bar).
Puis il reprit le chemin de la Lorraine en qualité d'exécuteur testamentaire du roi polonais, dont la mise en vente des biens attachés au Duché de Lorraine....
 

Marque du Duché de Lorraine et de Bar
 
---------------------------------- notes de bas de page 6 -----------------------------------
1Encyclopédie de la Lorraine – Les temps modernes – T2 De la paix de Wesphalie à la fin de l'Ancien Régime - Ed. Serpenoise -sept 1992 p. 175
2Région de Timosoara – Roumanie actuelle
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