au Royaume de France
Il y a 250 ans, François Hissette devient français...
Illustration 1 : in Description de la Lorraine et du Barrois T1- Chez Vve Leclerc -Imprimerie de l'Intendance - Nancy - 1779 |
Le
23 février 1766, à Lunéville, Stanislas
Lesczynki, ancien roi de Pologne et dernier duc de
Lorraine et de Bar, décède, après s'être grièvement brûlé
devant sa cheminée.
En vertu d'un accord
conclu entre Louis XV et l'empereur Charles VI en 1737, les duchés
de Lorraine et de Bar sont définitivement intégrés à la France.
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Le
23 février 1766, à Lunéville, Stanislas
Lesczynki, ancien roi de Pologne et dernier duc de
Lorraine et de Bar, décède, après s'être grièvement brûlé
devant sa cheminée.avec un clic sur "Plus d'infos » " ci dessous à gauche... Bonne lecture
En vertu d'un accord conclu entre Louis XV et l'empereur Charles VI en 1737, les duchés de Lorraine et de Bar sont définitivement intégrés à la France.
Ainsi,
il est mis fin au Duché de Lorraine, fondé en 959 lors du partage
de la Lotharingie. Durant près de 580 années, le Duché de
Lorraine sera un des états du Saint Empire Romain Germanique.
Il sera
détaché progressivement de cette alliance à partir de son
occupation par le Louis XIII en 1632, les villes de Verdun et de Metz
étant françaises depuis 1552. La guerre de 30 ans et l'activisme de
Louis XIV et Louis XV vont accélérer la désagrégation du duché
de Lorraine.
Stanislas
Lesczynski sera porté à la tête du duché au terme d'une partie de
« monopoly » géopolitique formalisée par les traités
de Vienne, ébauchés en 1734 et signés en 1738 « où
comme du bétail, nous fûmes vendus à la France sous le couvert
d'un roi de Pologne, chassé de son pays »
C'est
dans ces termes que Nicolas Brosset « bourgeois de Nancy »
plante le décor au début de son « Journal pour les années
1743 – 1745 avec son séjour à Metz pendant la maladie de Louis
XV »
A la
lecture de la centaine de pages de cet opuscule1,
réédité en 19552,
on peut s'imprégner de l'état d'esprit de la population. Encore faut il sans doute nuancer le propos de l'auteur « clerc de basoche 1», appartenant à une classe sociale qui a su tirer partie de l'existence d'un duché reposant sur une cour très présente dans la région nancéienne avec ses honneurs et des sujets pouvant disposer de privilèges .. et entr'autres de commensalités 2» .
------------------------------------------ notes de bas de page 1 --------------------------------------
1
Texte sauvé en partie de
l'incendie de la bibliothèque de l'ancienne Universite de Pont à
Mousson en août 1945 par l'armée allemande en fuite
2Pierre
Loevenbruck - Journal de Nicolas Brisset Bourgeois de Nancy - Ed
M. Mutelet - 1955
3-les gens de justice furent désignés sous le nom de clercs de la basoche ou basochiens (c’est-à-dire « clercs du Palais », puisque le terme de « basoche » - vient du mot latin basilica, palais royal -.
4 « commensaux » de la Cour ; personnes qui avaient charge « de commensaux » répartis en trois classes : grands officier , gentilshommes servants , bas officiers. Dans le cas de Nicolas Brisset , il bénéficie de l'exemption d'impôts et de charges, et de préséances dans les cérémonies.
3-les gens de justice furent désignés sous le nom de clercs de la basoche ou basochiens (c’est-à-dire « clercs du Palais », puisque le terme de « basoche » - vient du mot latin basilica, palais royal -.
4 « commensaux » de la Cour ; personnes qui avaient charge « de commensaux » répartis en trois classes : grands officier , gentilshommes servants , bas officiers. Dans le cas de Nicolas Brisset , il bénéficie de l'exemption d'impôts et de charges, et de préséances dans les cérémonies.
----------------------------------------------page 2---------------------------------------------------
Lui-
même a réussi à intégrer la Milice à cheval de Lorraine de
Nancy en tant que timbalier afin d' échapper au recrutement des
armées du roi de France ; […] dès les funestes
traités susnommés un certain nombre de jeunes gens du Duché,
fortement sollicités par l'odieux La Galaizière, représentant en
Lorraine du Roi de France (j'espère qu'il ne lira jamais ces
lignes) ont accepté , ce qui ne s'était jamais vu , de s'engager
[…] Pour ma part, pour rien au monde, je n'aurais voulu les imiter
[…]
Dans
la première moitié de son récit, il y a plus que de la nostalgie
pour l'ancien régime ducal … « Le 4 février (1743) on a
rassemblé en grand secret les ossements des anciens ducs de Lorraine
enterrés sous cette vénérable église (collégiale
du Duc Raoul qui sera détruite) … et au milieu de la
nuit on les a transférés à la Chapelle Ronde. Cela s'est passé
dans le mystère, tellement on redoutait les manifestations de
sympathie du peuple pour ces vénérables reliques. »
Et
de conclure dans un registre dramatique « C'est la
vieille Lorraine, celle de nos ancêtres, celle pour qui tant d'entre
nous ont combattu et sont tombés, qui à son tour s'effrite morceau
par morceau ».
Dans
le nouvel affrontement qui se prépare entre les « Autrichiens »,
les princes bavarois, le royaume de France, Nicolas Brisset évoque
« l'irritation des Lorrains, surtout ceux qui
devaient partir , car indiscutablement , toute notre affection allait
à notre ancienne dynastie... et notre attachement à l'Impérarice
Marie Thérèse d'Autriche, épouse de notre dernier Duc,
François 3».
Plus
loin : « Les lorrains .. ne prirent même plus
la peine de cacher leur douleur et manifestèrent publiquement leur
sympathie pour Marie Thérèse. » (les
armées du roi de France s'étaient emparées de Linz, et
pénétraient en Bohême et dans Prague).
Et
puis, à la suite de plusieurs revers, Nicolas s'émeut des menaces
sur la « frontière » Et voila que le bruit
courut à Nancy, que les Croates et des Pandours s'étaient montrés
à Sarreguemines d'où toute la population avait fui se rejetant sur
Metz et sur Saverne. C'est que l'on se souvient encore dans nos
campagnes lorraines de ces terribles Croates , les « Cravates »
comme disaient les paysans, de la guerre de trente ans. [...]Dès ma
plus tendre enfance, j'avais entendu parler des exploits de ces
bandits ».
Page de garde du Journal de Nicolas Brisset |
Devant
la menace qui se précise, dans l'étude où il est clerc à Nancy,
on ira enterrer l'argenterie et les papiers précieux de nuit....Le
général allemand Mentzel à la tête de mercenaires promet en
effet de pendre les lorrains après les avoir forcés à se couper
réciproquement le nez et les oreilles s'ils ne reconnaissent pas
leur maître légitime . Et
notre lorrain de constater que « si ce brutal
allemand voulait nous rejeter définitivement du coté de la France, il n'agirait pas autrement, car les français sont peut être des amuseurs, des gens légers et frivoles, mais ce ne sont pas des assassins […].
-------------------------------------- notes de bas de page 2 ------------------------------------------
3François
1er, Empereur d'Autriche et dernier duc héréditaire de Lorraine,
dcd à Insbruch en 1765
----------------------------------------------page 3---------------------------------------------------
Et
après cette alerte, le ton change en cette fin d'année 1743;
« De plus en plus, et malgré l'attitude des Français vis à
vis des Lorrains (l'auteur fait
état de brimades) l'opinion publique très réservée au
début se tournait vers la France dans sa grande masse ».
Avant
d'arrêter son journal pour l'année 1743 il fait le constat
suivant ;« Le fait le plus important que je
puisse retenir, au point de vue général , c'est quelle marque une
évolution très nette de l'esprit de mes concitoyens, qui avaient
été Lorrains avant tout et qui, en présence de la tournure des
événements [...], se sentaient maintenant à la fois Lorrains et
Français ».
L'hostilité
à l'égard de la pression française était manifeste en Lorraine
germanophone. En 1740, près de 2000 personnes avaient vendu leurs
biens et avaient désertées pour s'établir à l'étranger dans le
baillage d'Allemagne. Le problème de la langue confortait cette
attitude. Des personnes bilingues avaient été placées dans les
« offices » chargées de l'administration générale du
Duché et dans les études notariales.
Mais dans la réalité, c'est l'usage de l'idiome allemand qui était
prédominant. En 1748 il avait été constaté que les « sujets
de cette contrée » avaient abandonné l'usage de la langue
française que des dispositions prises auparavant lors de
l'occupation française en 1670 et lors du règne du Duc Léopold 1er
(1697 – 1729) avaient pourtant encouragé sinon imposé.
Un
édit du 27 septembre 1748 fut pris pour interdire de passer des
actes en langue germanique.1
Les deux lorraines
L'absorption
du duché de Lorraine ne se traduisit pas par la disparition du
Parlement de Nancy (ou son intégration avec celui de Metz). Dans
l'organisation administrative et judiciaire du royaume on conservera
donc cette dualité pour la Lorraine.
Cette originalité sera conservée jusqu à la
Révolution date à laquelle on mettra en place les départements.
Et la famille Hissette dans tout cela ?
François
Hissette s'est établi dans le village d'Anzeling avec son épouse
Anne Sabé – la date de mariage reste inconnue et elle se situe
dans les années 1710- 1714 2
-. Dans une autre publication, nous reviendrons sur la vie de
François Hissette. Pour mémoire, nous rappellerons que sa première
épouse Anne Sabé est décédée au début de l'année 1749.
A la suite de ce décès, un inventaire sera réalisé. Il est
précédé d'un conseil de famille, le 1er mai 1749 qui va
désigner un tuteur pour les enfants.
C'est une procédure d'ordre général dont l'objet est de
préserver les « droits » des enfants à la suite du
décès d'un des parents le re mariage en cas de veuvage étant très
courant.
-------------------------------------- notes de bas de page 3 ------------------------------------------
1Gabourdin
G. Histoire de la Lorraine - Les Temps Modernes T2 – Ed.
Serpenoise – septembre 1991 - p173
2
Acte
notarié du 21 avril 1714 (prêt d'argent) « ….des nommés
F.
rançois Hisette maître
cordonnier demeurant à Anzelling, et Anne Sabé safemme....... ».
---------------------------------------------page 4---------------------------------------------------
---------------------------------------------page 4---------------------------------------------------
L'acte
dressé pour désigner le curateur mentionne les avis et prises de position des
parties présentent - une sorte de conseil de famille - 1,
recueillies « séparément ».
Ainsi, François Hissette souhaite que Pierre Depenveiller, son
cousin, soit désigné curateur. Dans ses réquisitions, le juge
tutélaire nomme le curateur Pierre Depenveiller qui « accepte
laditte charge et promés de bien... et fidèlement faire son devoyr
… » et pour terminer ce
dernier prête serment.
Dès
le lendemain, l2
mai 1749, il est procédé à l'inventaire2
des biens du couple.
« Aujourd'hui...
nous juge tutélaire en la prévôté de Bouzonville, étant au
village d'Anzeling, en la maison de François Isette , nous avons
procédé en présence de Pierre Depenveiller, curateur des mineurs à
l'inventaire … et estimation des meubles et effets qui hy sont
trouvés ».
Le
juge est accompagné de Jean P.... et Michel Gabin (?)
« pour experts »
afin d'établir la valeur des biens « en leur honneur
et conscience ».
L'inventaire
est très précis et son corpus représente huit feuillets d'une
écriture assez dense.
Il est effectué pièces par
pièces et on en retiendra ici quelques éléments. Chaque élément
et pièce du mobilier, animaux sera valorisé.
L inventaire nous donne en premier lieu une indication sur l'habitat de François qui est une maison de village lorrain traditionnelle et qui sont précédée d'un usoir. Les maisons s'alignent le long d'une rue souvent unique, quelques écarts ou diverticules
A
cette époque, la maison lorraine est étroite , perpendiculaire à
la rue. « c'est une maison bloc qui abrite sous un même toit à
deux pans, bêtes, habitants et récoltes »1
L'inventaire
fait état de 3 pièces d'habitation au rez de chaussé, le « poil »
ou poêle , la cuisine et une « chambre à coté de la cuisine »,, « des chambres hautes », « le grenier », « la grange » et l'écurie....
Selon le schéma traditionnel, l'organisation spatiale repose sans
doute sur deux travées, peut être séparées par un couloir sinon
l'entrée se fait par la grange.
Dans la première travée, on
retrouve dans la pièce du devant, le « poêle 1»
la plus confortable donnant sur la rue. Les outils de cordonnier
seront recensés dans cette pièce et notre ancêtre devait exercer
son activité dans cette partie de la maison,
éclairée et chauffée.
Ensuite, en enfilade nous retrouvons
la cuisine et la chambre du fond. L'inventaire se
poursuit ensuite aux « chambres hautes » et au
« grenier » et se termine sur l'état des dettes et
créances.
Comme beaucoup de personne du "petit peuple" dans cette période difficile, François semble très endetté. Cest ainsi qu'il doit " au curé et maître d'école de Freistroff pour frais funéraires de la défunte dix huit livres dix sols.."
-------------------------------------- notes de bas de page 4 ------------------------------------------
1Dénommée
« le poil » dans l'inventaire
1Les
Villages Lorrains - Claude Gérard et Jean Peltre Universite Nancy
II – avril 1979 pages 43 à 54
1Source
Archives Départementales de la Moselle (A.D.M.) B6734
2Archives Départementales de la Moselle – ADM - 3E 1859/1856
---------------------------------------------page 5---------------------------------------------------
Le remariage de François Hissette
2Archives Départementales de la Moselle – ADM - 3E 1859/1856
---------------------------------------------page 5---------------------------------------------------
Le remariage de François Hissette
Le 16 septembre 1749, François Hissette, âgé de
66 ans va prendre pour épouse, en seconde noce Anne Marie Barbe
née le 26 Août 1708 (elle a 41 ans).
A cette époque, le remariage était assez courant
après un veuvage en raison des difficultés de la vie de quotidienne
sans parler des problèmes de subsistance qui pouvaient se poser aux
veuves. D'ailleurs Anne Marie Barbe avait été mariée précédemment
à Jean Granvaux, décédé.
Ils auront deux enfants Jacques et Charles nés respectivement 1751 et
en 1753. Jacques est à l'origine de la branche de notre famille.
En
1751, Julianne, fille du précédent couple, âgée de 22 ans sans
doute prévenue des intentions de son père de vendre la maison
familiale va demander son émancipation afin de pouvoir l'acquérir
(la majorité est acquise à 25 ans)
Avec l'aide se son tuteur, Pierre
Depenveiller, elle va s'adresser par lettre au substitut de la
prévôté de Bouzonville, lequel prendra le 29 juin 1751, la
décision d'émancipation permettant à Julianne de vendre des terres
de « preys et jardins » lui revenant « et dont elle
ne peut faire » afin d'acquérir la « maison et ses
dépendances » que son père à l'intention de vendre.
Rappelons que François Hissette
et son épouse Anne Sabé avaient reçu lors des opérations de
remembrement1
initiées en 1728 et finalisées en 1736 au terme d'une longue
procédure des terres en héritage de Simon Blimer, un cousin
germain, Estienne Louden et Elisabeth Bretnacher, proches de Anne
Sabé.
Les réquisitions précisent…
que « laditte Julianne
Hisette à faire l'acquisition dont il s'agit à charge que cet
acquisition soi faitte à la participation de son curateur a nous
autorisé […] de vendre les terres, preys et jardins jusqu'à la
concurance du prix de ladite acquisition…. Cette vente se fera à
la participation de François Hissette… et en outre d'en rendre
compte ».
Julianne
épousera Georges Louis Hollender de Freistroff le 30 janvier 1753,
à l'âge de 25ans et comme dans certaines histoires, elle aura une
nombreuse descendance.
-------------------------------------- notes de bas de page 5 ------------------------------------------
in
Description de la Lorraine et du Barrois T1- Chez Vve Leclerc
-Imprimerie de l'Intendance - Nancy - 1779
|
1Des
opérations de remembrement avaient été rendu nécessaire à la
suite de la guerre de trente ans en raison de la déshérence des terres
abandonnées.. C'est Léopold 1er qui a initié ces
remembrements au début du XVIII ème siècle et après son installation comme Duc
de Lorraine.
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François
Hissette
décédera le 15 octobre 1773 à Freistroff, quelques mois après son
épouse.
Entre
temps le Duché de Lorraine avait été rattaché au royaume de
France….
in Description de la Lorraine et du Barrois T1- Chez Vve Leclerc -Imprimerie de l'Intendance - Nancy - 1779 |
Le
5 mars 1766 le chancelier de la Gazelière, homme lige du roi de
France, installé auprès de Stanislas , que Nicolas Brisset
qualifiait d' « odieux », remettait « à son roi »
les sceaux des deux duchés (Lorraine et de Bar).
Puis
il reprit le chemin de la Lorraine en qualité d'exécuteur
testamentaire du roi polonais, dont la mise en vente des biens
attachés au Duché de Lorraine....
1Encyclopédie
de la Lorraine – Les temps modernes – T2 De la paix de Wesphalie
à la fin de l'Ancien Régime - Ed. Serpenoise -sept 1992 p. 175
2Région
de Timosoara – Roumanie actuelle
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