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Ce blog est consacré à la généalogie. Il complète et illustre par des récits, documents et images l'arbre qui est en ligne avec Généanet.
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"Nous devons recevoir, dès une certaine heure,tous nos parents arrivés de si loin et assemblés autour de nous" Marcel Proust , " La Prisonnière" (à popos de sa filiation et du passé de ses parents)





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mercredi 25 novembre 2015

Hissette Maurice 1894 - 1915

HISSETTE Maurice   
1894 – 1915 Mort pour la France

  

Dans le cadre du
centenaire de la guerre 1914 – 1918 , nous reprenons ici une chronique initiée il y a un an avec le récit de la destinée funeste de Edouard Hissette, tué à l'ennemi le 20 août 1914 lors de la bataille de Morhange.

 
Aujourd'hui, c'est la mémoire de Hissette Maurice qui sera rappelée.





(pour voir la suite , un clic sur "plus d'infos ci dessous...)

Qui est Maurice Hissette ?

Hissette Maurice est né le 22 juillet 1894 à Asnières (Haut de Seine). Il appartient aux générations d'enfants descendant de cette « saga » des « Hissette » migrants vers Paris au milieu du XIX ème siècle à la recherche d'un avenir plus prometteur que celui qu'ils pouvaient espérer en restant auprès de leur aïeul à Hestroff, Jean Nicolas Hissette (1793 – 1871).
C'était alors à la mode, un engouement, une attirance pour cette capitale, sa vie, la modernité... Il faudra un jour décrire cette saga qui concerne presque une dizaine de « migrants. » de la famille....
Hissette Maurice est le fils de Henry Hissette né à Hestroff en 1861 qui a migré à Paris et de Marie Marguerite Schlesinger. Les bans de leur mariage, célébré à Asnièrers ont été publiés le 17 octobre 1888.
Henry Hissette est le petit fils de Jean Nicolas Hissette (1793/1871) dont on rappellera la participation à l'épopée napoléonienne et qui a fait l'objet d'une publication  dans le présent blog.
En marge de l'acte de naissance
Le second fils de Henry, René Hissette (1888/1944) est à la source d'une descendance représentée entr' autres par Roger Hissette résidant à Pornichet - décédé en 2003 – qui apportera sa contribution à l'élaboration de la généalogie de la famille Hissette (cft correspondance avec O. Hissette en 1993).

Ordre de mobilisation générale le 1er Août 1914...

On peut logiquement penser que Maurice rejoindra son régiment à la suite de l'ordre de mobilisation le 1er Août 1914.

Agé de 20 ans, il fait partie de la classe 1914.

 

Tables états signalétiques et des services militaires1
Archives Dles de Paris - – année 1914 -
 2ème bureau -Num D3R1 235 –
Hissette Maurice ; matricule 3989

Il rejoindra le lieu de

mobilisation qui lui a été affecté, le 329 ème Régiment d'Infanterie basé au Havre.

Il s'agit d'un régiment de réserve qu'il faudra constituer en quelques jours (organisation, matériel, équipements).


"Les réservistes arrivent en deux jours, mais plus tardivement que pour d'autres régiments déjà évoqués (64e et 264e RI par exemple). Pour le reste, les étapes sont les mêmes que pour l'active après la constitution du régiment : arrivée, habillement et équipement des réservistes, exercices et revue de départ"
« Les régiments d'infanterie de réserve comptent deux bataillons et n'ont une existence en temps de paix qu'à l'occasion de périodes d’exercices. Certains régiments de réserve, nouvellement créés, n'étaient pas encore complètement organisés. C'est probablement pour cela que la première étape de la mise en place de ces régiments fut le procès verbal de formation. On parle de la « constitution du régiment ». 
 
Nous retrouvons donc Maurice au Havre, lieu de casernement de son régiment.
A ce stade, nous ne savons pas si notre nouvelle recrue restera sur le Havre quelques temps afin de suivre une instruction minimale …Maurice a le grade de sergent lors de son décès. Le J.M.O. (Journal de Marche et des Opérations ) du régiment ne fait pas état d'une nomination « au feu » … on peut donc supposer que ce grade a été décerné à la suite de sa conscription et, à minima à la suite d'une instruction...
Nous avons retrouvé, une photo d'un groupe de sergents n'ayant pas suivi le départ du régiment au front dès le 10 août pour rejoindre le front dans le département de l'Aisne 1.

Groupe de sergents du 329è RI Le Havre en 1914

1Historique succinct du 329ème -BNF ; http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k6413363x

Peut être que Maurice figure sur cette photo  … comment le reconnaître ?
Dans cette hypothèse, Maurice rejoindra son régiment en opération ultérieurement, avec d'autres renforts comme le mentionne le JMO à de nombreuse reprises. La consultation de sa fiche signalétique aux archives de la Ville de Paris comportant en principe tous ses états de service pourrait nous éclairer sur ce point. 

Selon l'organisation générale de l'infanterie, le sergent Maurice Hissette a sous sa responsabilité une trentaine d'homme (½ section).

Un groupe de mitrailleurs du 329 ème RI

Le régiment d'environ 2000 hommes subdivisés en 4 compagnies.

Chaque compagnie est subdivisée en deux pelotons comportant 2 sections, chaque section dispose de deux demi sections (une demi section comporte deux escouades de 15 hommes chacune).

Le 329ème R.I. sur le front....


Le 329 ème RI rejoint par chemin de de fer Clermont lès Fermes au N.E. De Laon (le 10 août).Le 22 août il se porte vers la frontière belge et il s'établit sur la Sambre à Jaumont.
Le 24, sur ordre, il se replie et le 26 son arrière garde est attaquée. Le 28 Août au soir il se positionne à la Jonqueuse.


Extrait ... récit de B Larquetou 1

" L'effectif du régiment est de 38 officiers, 111 sous-officiers, 2091 hommes de troupe et 110 chevaux.

L'état major du régiment, ainsi qu'une section de mitrailleuses et le 5° bataillon, quittent Le Havre , par chemin de fer, le 10 août 1914 à 4h19. Le reste du régiment, soit une section de mitrailleuses et le 6° bataillon, s'embarquent à 8 h59.


La destination est Clermont-les-Fermes, au nord-est de Laon, puis Tavaux et St Pierremont dans l'Aisne (11 août). Cette première marche, effectuée sous la chaleur, s'avère pénible pour les hommes. Le lendemain, la progression vers le nord se poursuit sous la chaleur, pour atteindre Laigny (EM et 6° bataillon), Voulpaix (17° et 18° compagnies du 5° bataillon) et Haution (19° et 20° compagnies du 5° bataillon).

Le 329° est placé en réserve … et avec les autres régiments de la 106° brigade (224° et 228° RI), (participe) à l'organisation de travaux défensifs dans la vallée de l'Oise.
Le 21 août, nouveau départ, toujours vers le nord, en direction de la frontière franco-belge.
Le 25 août, à 3 heures du matin, l'ordre de retraite arrive.

... Le 26 il est à Marbaix (Nord) où le 6° bataillon essuie de violents tirs ennemis et connaît ses premiers morts.
Fin août, c'est la bataille de Guise où est engagé le 5° bataillon qui perd plusieurs hommes dont le Capitaine Halphen qui commandait la 18° Cie, porté disparu le 29 août à la Jonqueuse, et le sous-Lieutenant Marjollin. »

La retraite se poursuit sans relâche jusqu'au 5 septembre...Toutes dispositions seront prises dans la journée du 5 septembre en vue de partir à l'attaque le 6".
La bataille de La Marne peut commencer.

Le régiment de Maurice recevra donc très rapidement le « baptême » du feu puisque dès la fin de ce mois d'août, le régiment participe à la bataille de Guise (Aisne) qui permet de s'opposer avec succès aux avancées de l'armée impériale allemande dans le nord.
La suite de cette phase de guerre se livrera sur la Marne...
La lecture du JMO de ce régiment, comme la consultation d'autres sources donneront les précisions sur le parcours de ce régiment. 

1914 : (Aisne) : Froidestrées, Lecy Nord ; Jeumont (21/8), Marbaix(28/8)
    • bataille de Guise (28/ 29 août) ; Ribemont, ferme de la Jonqueuse
    • bataille de la Marne (6 au 13 septembre) : Montmirai, Morsains, Montceaux les Provins, Villers St Georges (7 septembre), ferme de Bouy (8 septembre), Montlevon, Coulanges (11 septembre)...
    • Aisne (fin septembre, octobre) : Sapigneul, cote 91, combats de la ferme du Choléra et de Berry au Bac.
    • Somme  (octobre/décembre) : Maricourt , Vaux, Eclusier, Suzanne, sucrerie de Dompierre, Fay (28 novembre)
A l'occasion de Noêl 1914, le régiment positionné au sud du secteur de Fricourt au sein de la 53ème division sera impliqué - même si le JMO du régiment n'en fait pas état – à des scènes de fraternisation qui sont ainsi relaté par le JMO de la division «  25 décembre 2014 »... « Les allemands sortent des tranchées dans le secteur 110 ente 12 h et 12 h30, en faisant des gestes amicaux et en offrant des cigarettes et des cigares en l'honneur de Noël – le 205ème retient 3 prisonniers du 111è badois »... D'autres sources, plus précises font mention d'échange de victuailles.

1915 : Somme  (janvier/ avril) : Camoy ...
    • et puis, l' offensive d'Artois : NEUVILLE SAINT VAAST....
Maurice trouvera la mort lors de ces combats ...tué à l'ennemi.
« … les hommes s'élancèrent, en ligne, au coude à coude, à découvert devant les mitrailleuses allemandes.... d'abord la 1ère ligne,... suivie juste après par la seconde ligne.... »
   Ce jour là, devant Neuville Saint Vaast, le 329 ème RI perdra 7 officiers tués et 14 blessés et parmi les soldats 241 tués, 371 blessés et 96 disparus, une véritable hécatombe...
 
Extrait de récit
« Le 11, à 14h30, les 22° et 23° compagnies arrivent près de Neuville-Saint-Vaast (Pas de Calais); elles sont bientôt rejointes par les 21° et 24° compagnies. A 15h00, le régiment tout entier est arrêté le long du chemin qui rallie Neuville à Ecurie.
Les mitrailleuses ennemies, situées sur le flanc gauche dans le cimetière, et sur le flanc droit vers le moulin détruit, empêchent toute progression et causent de nombreuses pertes.
Le Lieutenant-Colonel Vannières est blessé, et remplacé à la tête du régiment par le Chef de Bataillon Puntous, nouvellement arrivé au 329°.
La journée s'achève sur un bilan très lourd :

67 hommes ont été tués, chaque compa -
gnie compte en moyenne 80 hommes hors de combat, dont la moitié de ses officiers.
Le 20, le Lieutenant-Colonel Ricour, aupa-
ravant au 30° RI, prend le commandement du 329°.
Le bilan pour ce mois de mai 1915 fait état de 175 morts au combat, et de plusieurs centaines de blessés... ».
Il n'y a pas de mention concernant son inhumation dans une nécropole... peut être que sa tombe a pu être identifié et que sa dépouille à pu être exhumée et inhumée dans une tombe familiale à la demande de la famille au lendemain de la guerre, comme l'a très bien évoqué Pierre Lemaire dans Au revoir là haut (Prix Goncourt 2013).
Nous avons cependant retrouvé son

nom sur le monument aux morts de la ville d'Asnières.
Le nombre "officiel" de Morts pour la France ayant appartenu au 329° régiment d'infanterie s'élève à 2097.....1989 ont été identifiés.
Même si le régiment a été peu engagé jusqu'à la fin de la bataille de la Marne en septembre 1914, il subit ses premières pertes dès le 19 août, puis lors de la bataille de Guise....
En 2 jours (bataille de la Marne), les 14 et 15 septembre, 60 hommes sont tués, 450 sont blessés plus ou moins gravement, 150 sont portés disparus. Ce sont les premières pertes importantes du régiment.
Du 18 août au 31 décembre 1914, 290 hommes seront tués (15% du total).
L'année 1915 sera la plus cruelle pour le régiment qui enregistre 739 morts (37% du total).
 

Le 22 septembre 1922 le Journal Officiel
mentionne l'attribution de la Croix de Guerre :
 « Hissette (Maurice) mat. 968 bis, sergent : brave sous-officier. Tombé glorieusement pour la France, le 11 mai 1915, à Neuville-Saint-Vasst. Croix de Guerre avec étoile de bronze ».

 
Détail du mémorial international de Notre Dame de Lorette À l'occasion du centenaire de la Grande Guerre, le 11 novembre 2014, est inauguré un mémorial international comportant les noms de 600 000 soldats, dénommé Anneau de la Mémoire et situé sur les bords de la colline de Notre-Dame-de-Lorette (Pas de Calais).
Sur ce mur des tués de la grande guerre dans le Nord pas de Calais,dénommé « anneau de la mémoire"
on retrouve Hissette Maurice...
Anneau de mémoire
Il y a aussi Hissette Auguste... né à Paris... mais dont la filiation n' a pas pu encore être établie …

 à suivre


Générargues le 10 novembre 2015
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En guise d'épilogue ….
« Je te reconnais, Deveudeux, qui as été tué à côté de moi devant la batterie de l’hôpital, en attaquant le fort de Vaux. Ne t’inquiète pas, je te vois. Ton front est là bas sur cette colline posé sur le feuillage des yeus, ta bouche est dans ce vallon. Ton oeil qui ne bouge plus se remplit de poussière dans les sables du torrent. Ton corps crevé, tes mains entortillées dans tes entrailles, est quelque part là bas sous l’ombre, comme sous la capote que nous avions jetée sur toi parce que tu étais trop terrible à voir et que nous étions obligés de rester près de toi, car la mitrailleuse égalisait le trou d’obus au ras des crêtes. (...)
Je te reconnais, Jolivet, qui as été tué à côté de moi devant la batterie de l’hôpital en attaquant le fort de Vaux. Je ne te vois pas car ton visage a été d’un seul coup raboté, et j’avais des copeaux de ta chair sur mes mains, mais j’entends, de ta bouche inhumaine, ce gémissement qui se gonfle et puis se tait.(...)
Je ne peux pas oublier que vous avez été des hommes vivants et que vous êtes morts, qu’on vous a tués au grand moment où vous cherchiez votre bonheur, et qu’on vous a tués pour rien, qu’on vous a engagés par force et par mensonge dans des actions où votre intérêt n’était pas. Vous dont j’ai connu l’amitié, le rire et la joie, je ne peux pas oublier que les dirigeants de la guerre ne vous considéraient que comme du matériel. Vous, dont j’ai vu le sang, vous dont j’ai vu la pourriture, vous qui êtes devenus de la terre, vous qui êtes devenus des billets de banque dans la poche des capitalistes, je ne peux pas oublier la période de votre transformation où l’on vous a hâchés pour changer votre chair sereine en or et sang dont le régime avait besoin.
Et vous avez gagné. Car vos visages sont dans toutes les brumes, vos voix dans toutes les saisons, vos gémissements dans toutes les nuits, vos corps gonflent la terre comme le corps des monstres gonfle la mer. Je ne peux pas oublier. Je ne peux pas pardonner. Votre présence farouche nous défend la pitié. Même pour nos amis, s’ils oublient.(...)
Je refuse d’obéir. ... »
Jean Giono. "Je ne peux pas oublier", Refus d’obéissance
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Eléments de Bibliographie succincte :
Sur l'offensive en Artois (1915) au cours de laquelle Maurice perdit la vie : http://www.chtimiste.com/batailles1418/1915artois1.htm
Sur la bataille de Neuville S/ Vaast, carnets de guerre de Claude Parrion :http://www.chtimiste.com/carnets/parron.htm#attaqueartois
Historique succinct du 329 ème RI (édition 1919) -BNF
Mémoires des Hommes MO -Journal de Marche et des opérations - 18 avril 1915 – 1er novembre 1915
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